18 juillet 2014

Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu'ils entreprennent de Stephen R. Covey

Résumé du livre

Derrière ce titre un peu pompeux se cache un vrai manuel pour devenir quelqu'un de bien, plein de bon sens. Il repose sur des principes peu nombreux mais très sains, et non sur une succession de recettes faciles et rapides à implémenter. En effet, les principes en question ne sont pas simples à maitriser, et sont indissociables de notre caractère, ils se veulent être à la racine de notre être. En gros la solution est de changer en profondeur et d'embrasser ses principes complètement, afin essentiellement d'être heureux dans sa vie, à tout point de vue.



Les 7 habitudes

Les sept habitudes sont rangées en trois parties : d'abord sortir de la dépendance pour être indépendant (3 habitudes), ensuite aller vers l'interdépendance (3 habitudes), et enfin continuer à progresser (1 habitude). Je les passe en revue ci-dessous.

De la dépendance à l'indépendance

Habitude 1 : être proactif

On a déjà vu en détail ce que signifie être proactif, je ne fais donc qu'un petit résumé ici. L'attitude proactive est celle de la personne qui décide que sa vie lui appartient et qui assume la responsabilité de ses choix, contrairement à celle, réactive, qui se poserait en victime des autres ou des circonstances extérieures. Pour sortir de la réactivité, il faut savoir prendre des initiatives sur les choses que l'on contrôle, et ne pas se sentir victime des choses que l'on ne contrôle pas. En particulier, S. Covey explique que face à un évènement difficile donné il existe deux grandes attitudes : la réactive, qui subit, voit tout en noir, se pose en victime, et dépense l'essentiel de son énergie à se plaindre (en particulier de choses non maîtrisées : la politique, ; et la proactive qui réfléchit, choisit d'avoir une attitude saine, essaie d'apprendre de ses erreurs, progresse, prend des décisions et agit pour s'en sortir.
S. Covey utilise la métaphore informatique pour cette habitude et les deux autres : être proactif c'est réaliser qu'on est le programmeur de sa propre vie.

Habitude 2 : définir son cap personnel

Toujours avec la métaphore informatique, cette habitude est : maintenant que j'ai compris que je suis le programmeur de ma vie, je dois "écrire le programme". Autrement dit, une fois que l'on a bien intégré, via la proactivité, que nous sommes à la barre de notre existence, il est crucial d'en définir le cap. S. Covey appelle ça la mission personnelle, et il recommande de prendre le temps de le concevoir et de l'écrire noir sur blanc. Il s'agit de définir notre système de valeurs personnelles et d'objectifs de vie. Il recommande de faire ceci pour chaque aspect de notre existence (= nos différents rôles en tant que conjoints, amis, voisins, parents), par exemple "faire de mon foyer un lieu de respect de chacun par mon attitude positive et encourageante". L'idée est d'expliciter les valeurs qui nous sont propres (honnêteté, rigueur, générosité, frugalité, etc.) et nos objectifs de vie (être un bon professionnel, donner du temps à la communauté, être un ami disponible, etc.), les uns alignés avec les autres. Il distingue cet ordre de mission personnel de la classique "liste d'objectifs" que l'on peut trouver chez certaines personnes et qui contient un grand nombre d'items du type "apprendre à jouer de la guitare", "se mettre à l'italien", etc. Il s'agit ici d'identifier quel être humain on souhaite être, avec quelles qualités, quelles valeurs morales, et quels objectifs associés.

Habitude 3 : faire en premier les choses importantes

Toujours avec la métaphore informatique, S. Covey présente ainsi l'habitude 3 : après avoir pris conscience que nous sommes le programmeur, après avoir écrit le programme, maintenant mettons le en application (sous-entendu : faites votre priorité chaque jour d'essayer de vous rapprocher de votre ordre de mission personnel). Cette habitude est la clef de l'organisation personnelle. S. Covey explique comment distinguer l'urgent et l'important et donne des outils pour pouvoir donner la plus grande place à l'important. Sans un gros effort conscient d'organisation, nos vies (professionnelle comme personnelle) sont rapidement encombrées de choses urgentes à régler tout de suite (emails, coup de fil, problèmes divers), au point que l'on en oublie l'essentiel, à savoir nos objectifs de vie et nos valeurs. Il s'appuie (comme dans l'article sur simplifier sa vie) sur le diagramme important/urgent ci-contre. Il suggère de ne rien faire de non important. Ensuite il explique que les choses importantes se classent en deux catégories : les importantes urgentes (= les crises) et les importantes non urgentes. Il remarque que plus on néglige l'important non urgent, plus on se retrouve à devoir gérer des crises (urgent et important), et que le secret pour diminuer l'incidence des crises est justement de dégager du temps pour l'important non urgent (lectures, préparations, anticipations, réflexions, etc.).

Vers l'interdépendance

L'interdépendance, c'est l'interaction harmonieuse avec les autres. Le passage à cette étape nécessite au préalable d'être indépendant, donc d'avoir commencé à intégrer les trois premières habitudes.

Habitude 4 : penser gagnant-gagnant

Cette habitude propose de se débarrasser de l'approche classique "gagnant-perdant" dans tout accord/conflit. Quand deux personnes se mettent d'accord sur quelque chose, pour que la relation entre ces deux personnes soit profitable sur le long terme, l'accord doit être favorable aux deux personnes. Si l'une d'elle impose son choix, autrement dit elle gagne, elle risque sur le long terme de devoir faire face à l'amertume de la personne en face qui a perdu, et au final les deux finissent par perdre. Au contraire, si on aborde chaque négociation en pensant gagnant-gagnant, on souhaite satisfaire l'autre et être satisfait soit même, afin que la relation soit fructueuse et riche, et surtout durable et soutenable sur le long terme. Cette stratégie a été introduite par Thomas Gordon pour la résolution de conflit, par exemple entre parents et enfants. L'idée est que l'on gagne doublement : d'abord parce que l'on obtient quelque chose de satisfaisant pour soi, et ensuite parce qu'on a la satisfaction d'avoir tenu compte des besoins de l'autre et d'avoir fait preuve de respect.

Habitude 5 : d'abord chercher à comprendre, ensuite (seulement) à être compris

Cette habitude est pour moi le noeud de toute relation interpersonnelle réussie, et elle n'est pas naturelle à implémenter ! On a tendance souvent à vouloir se faire comprendre sans vraiment écouter l'autre, à vouloir parler en premier, à s'estimer incompris sans avoir fait de gros efforts pour comprendre. L'idée est de réfréner toute tentative d'expression personnelle au début et de se placer sincèrement en position d'écoute empathique. La plupart des problèmes viennent de cette absence d'écoute initiale : on croit savoir ce que pense l'autre et on y réagit, alors que bien souvent on n'a pas donné à l'autre la chance de pouvoir s'exprimer, ni le temps de pouvoir nous expliquer en détail son point de vue. Cette étape prend du temps et de l'énergie, on doit vraiment vouloir comprendre l'autre, ça demande un effort non négligeable. Mais une fois qu'on a pu reformuler ce que pense l'autre et que l'autre a le sentiment qu'il a été écouté et compris, alors la discussion prend un tout autre tour, le climat devient détendu et confiant, et la résolution du problème peut ensuite avoir lieu. 

Habitude 6 : pratiquer la synergie

Une fois que l'on pense gagnant-gagnant et qu'on est réellement capable d'écouter, alors le climat est propice à l'établissement de l'habitude suivante : entrer en synergie, autrement dit être capable de produire, à deux ou à plusieurs, une solution qui est meilleure que toutes les solutions individuelles qu'on aurait pu proposer. L'idée ici est qu'à plusieurs, en s'écoutant sincèrement, on peut faire émerger des solutions nouvelles qui satisfassent toutes les parties. Au final, tout le monde gagne : chacun est satisfait par la solution (proposée à plusieurs, en tenant compte des besoins de chacun). De plus, la relation interpersonnelle s'en trouve enrichie et solidifiée, ce qui décuple encore l'intérêt de pratiquer la synergie. S. Covey précise que la synergie est différente du compromis : dans un compromis tout le monde gagne et peu mais tout le monde perd un peu aussi, il peut en rester des rancoeurs (car bien souvent l'un estime qu'il a plus perdu, plus concédé, que l'autre), et la relation est plutôt affaiblie. Au contraire, la synergie va chercher des solutions plus innovantes et plus riches, au-delà des compromis, et elle rend heureux : d'abord, j'ai ce que je veux, et ensuite j'ai réussi à satisfaire autrui aussi.

L'amélioration perpétuelle

Habitude 7 : affûter la scie

Les six premières habitudes, lorsqu'elles sont intégrées et mises en pratique régulièrement, font de nous un individu indépendant, solide, capable d'interagir avec autrui dans un climat de respect fructueux et constructif. Evidemment, on ne devient pas du jour au lendemain un tel individu, et même lorsqu'on a atteint un niveau respectable dans la pratique des six habitudes, on ne s'arrête pas là. La septième habitude nous rappelle de remettre le métier sur l'ouvrage chaque jour, d'entretenir la machine, de continuer à progresser. S. Covey donne l'anecdote suivante : il croise un jour un bûcheron qui s'épuise à la tâche, il lui suggère de faire une pause, pour affûter sa scie, reprendre son souffle et repartir sur de meilleures bases, et le bûcheron lui répond : "je ne peux pas, je suis trop occupé à scier".
S. Covey nous explique comment, dans chaque domaine de notre existence (physique, mental, spirituel, émotionnel/social), identifier des activités qui nous permettent d'être meilleur (meilleur au sens de la mission personnelle et de la maîtrise des habitudes). Cette activité d'amélioration de soi rentre dans la case "important non urgent" qu'il est crucial d'implémenter chaque jour afin d'améliorer son existence, son équilibre personnel, son rapport aux autres, son efficacité professionnelle et personnelle, etc.

Conclusion

Ce livre est pour moi une référence incontournable. Il contient beaucoup de choses, beaucoup de bon sens, et permet de remettre son existence sur de bons rails, tant d'un point de vue personnel (où vais-je ?) qu'interpersonnel (comment interagir avec les autres ?). Personnellement, la lecture des habitudes 5 (chercher d'abord à comprendre) et 7 (affûter la scie) a eu une très grosse influence sur mon comportement et m'aide à remettre en question de nombreux aspects de mon existence, par exemple l'équilibre travail - vie de famille, ou encore ma façon d'interagir avec mes étudiants. Pour l'habitude 4 (d'abord comprendre l'autre), je fais encore beaucoup d'erreurs, ce n'est pas simple à mettre en oeuvre tous les jours, mais j'essaie d'y réfléchir et de progresser. Et les jours où j'arrive à effectivement écouter correctement, les résultats sont sensationnels, les situations tendues se dénouent comme par miracle, et l'apaisement arrive très vite.

Pour aller plus loin



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