11 juillet 2014

Comment voyager léger ?

Comment voyager léger
Il est de saison de parler voyage, alors allons-y pour un peu de simplification : on oublie les valises, même petites, et on choisit un sac unique. Moi je préfère le sac à dos qui laisse les mains libres (et me permet d'emporter aussi ma trottinette), mais un sac bandoulière peut aussi convenir. L'idée est de ne pas dépasser un volume raisonnable, disons 25-30 litres, et même carrément 20 litres si on voyage sans ordinateur portable.


Comment fait-on ?

On commence par choisir un sac petit et plaisant. Plaisant ça veut dire soit confortable (si besoin de le porter longuement et de marcher beaucoup), soit classe (si besoin d'avoir l'air digne et respectable). Moi l'aspect digne et respectable je m'en fiche un peu, mon étiquette d'universitaire (et mathématicienne de surcroit) fait que de toute façon j'ai l'air d'un clown, donc je privilégie le confort, et j'ai un sac à dos de sport. En fait c'est même un sac prévu pour le vélo, car ce type de sac convient bien à mon dos et à mon goût pour leur grand nombre de poches. Bon, voilà pour plaisant, ensuite il faut que le sac soit petit, c'est crucial ! En effet, de toute façon, le sac sera plein, quel que soit son volume ! Donc autant le prendre le plus petit possible. Moi je suis une débutante dans l'art du minimalisme de voyage, donc j'en suis encore à 27 litres, mais j'ai la suprême ambition de pouvoir voyager un jour prochain avec mon sac de 20 litres. Honnêtement 27 litres c'est déjà pas mal lourd si le sac est plein…

Ensuite on essaie au maximum de limiter l'électronique. Moi je voyage surtout pour le boulot, donc j'ai encore des difficultés techniques à partir sans mon ordinateur, mais j'ai bon espoir d'être plus mobile un jour grâce à la magie d'Android (version tablette). Le double effet kiss-cool si on arrive à laisser l'ordi à la maison, c'est qu'on laisse aussi le chargeur (qui n'est ni petit ni léger).

On limite les habits au strict minimum. Le secret ici c'est de prévoir de faire une petite lessive (dans un lavabo et au savon ça marche très bien) tous les soirs, et de faire sécher le linge le lendemain. Ainsi il suffit de partir avec une paire de chaussettes sur soi et une dans le sac (ça marche aussi avec les autres sous-vêtements, pas besoin de vous donner de détails). Ensuite un haut de rechange, éventuellement un bas (si nécessaire par exemple d'avoir à la fois un truc long et un truc court), et si nécessaire une veste (la plus légère possible) et un pull (idem). Bon, là ça aide évidemment de porter des vêtements qui soient légers, qui sèchent vite, qui ne se repassent pas. Comme pyjama on prend le moins possible, rien c'est l'idéal, un mini tee-shirt et un short si absolument nécessaire.

On n'emporte pas de paire de chaussures supplémentaire. Oui vous avez bien lu, pas cinq paires de chaussures dans les bagages, ni même une, on n'en met aucune dans le sac. Par contre vous avez le droit de partir avec une paire sur vous, c'est plus pratique pour marcher dans la rue, mais comme ça sera l'unique du voyage, il s'agit de bien la choisir évidemment. Moi ça dépend vraiment de la nature du voyage. Si je dois être habillée un peu correctement, je prends la paire qu'il faut pour ça, en général des chaussures en cuir ou des baskets urbaines, qui sont confortables et me permettent de marcher longtemps si besoin sans catastrophe. Si je voyage pour des vacances, je prends une paire de chaussures de sport multi-fonction.

On prend le minimum d'affaires de toilette. Non ce n'est pas la peine de voyager avec un litre de gel douche ou de shampoing, il existe des alternatives solides moins encombrantes, ça s'appelle le savon (et oui ça existe aussi pour le shampoing). Je tire profit des petits pots de voyage que vend Muji pour emporter le strict nécessaire de crème hydratante. Je ne prends pas de sèche cheveux, il y en a dans les hôtels. En gros, le principe de base est : je pars de rien, et j'ajoute les bricoles absolument nécessaires. A l'opposé de la méthode qui consiste à prendre la trousse de toilette de la dernière fois qui est déjà à moitié pleine de trucs inutiles.

On évite les livres et les dossiers papiers qui pèsent lourd. Les smartphones / tablettes / liseuses peuvent embarquer des milliers de titres, qui sont d'ailleurs gratuits quand ils sont dans le domaine public (tous les classiques en gros), et sont beaucoup plus légers que des livres. Si j'ai besoin de prendre des notes, j'emporte une ou deux feuilles de papier ou un carnet tout fin, puis je prends en photo mes notes et je stocke tout dans Evernote pour pouvoir jeter les papiers au fur et à mesure sans avoir à les trimbaler.

Une dernière astuce : emballer, déballer, ré-emballer. Ca c'est quelque chose qui marche bien pour moi. Je commence avec le sac intégralement vidé. Ensuite je prépare toutes mes affaires, je les rentre dans le sac, et je pèse le sac, je le porte un peu. Ensuite je déballe tout et j'essaie d'éliminer au maximum les trucs inutiles. Et comme je ne suis pas encore parfaitement à l'état de minimalisme pur, ça marche et je trouve toujours quelques bricoles dont je n'ai finalement pas besoin, ou j'ai de nouvelles idées pour me passer de quelque chose.

Et pourquoi s'embêter à voyager léger ?

C'est vrai quand même, ce n'est pas si facile de voyager léger, ça demande des efforts et des sacrifices. Alors pourquoi ? Parce que !

D'abord faire des efforts c'est bon pour moi. Car en faisant ces efforts je repousse ma limite d'inconfort et je deviens plus facile à vivre. Je n'ai pas besoin d'avoir une chemise de couleur différente pour chaque jour de la semaine, je tolère de faire ma lessive tous les jours et de porter toujours les mêmes chaussures. Je râle moins, je suis moins dépendante d'une grosse valise et d'une grande quantité d'objets et d'habits, je me satisfais de moins. Je suis fière d'avoir réduit la taille de mon sac et d'être capable de moins dépendre des choses matérielles, je me sens plus libre et plus légère, au propre comme au figuré.

J'ai une liberté de mouvement décuplée. Dans les gares et les aéroports, avoir juste un sac sur le dos est un atout incomparable, autant pour se déplacer dans la foule et dans les escaliers (le métro avec une valise de 20 kilos, bonjour) que pour l'embarquement à bord, surtout en période de vacances où les espaces bagages des trains sont bondés. Du coup j'ai moins mal au dos à la fin de la journée et je suis plus rapide dans mes déplacements. Et par conséquent je gère plus rapidement, donc plus sereinement, mes correspondances, ce qui signifie moins de stress et plus de détente. Ensuite je suis libre d'aller et venir en ville à l'arrivée (ou au départ) sans avoir à gérer/surveiller une grosse valise, à trouver une consigne à bagages, etc. En particulier, le dernier jour de mon séjour est un vrai jour de tourisme, et non un simple jour passé à régler la facture de l'hôtel et trimbaler la valise de gare en gare. J'ai le temps et la liberté de mouvement de faire encore des choses avant de repartir, de prendre un dernier café dans mon bar préféré, de faire encore une petite balade, le tout sans avoir besoin de repasser à l'hôtel chercher ma valise (variante : de commencer ma journée par un trip à la gare pour la poser à la consigne).

Je ne passe pas trois jours à faire ma valise. Comme j'emporte moins, c'est plus vite réuni et plus vite emballé (et déballé/ré-emballé, cf plus haut). La taille de mon sac ne dépend pas de la taille du séjour, la seule chose qui varie ce sont les habits en fonction de la saison et de la nature du déplacement (pro / perso).

J'économise des sous. Ben oui, pas besoin d'acheter de valise du coup… Et ensuite, pas besoin de louer une voiture énorme (si vraiment besoin d'une voiture), une petite suffit, avec un coffre minable c'est pas grave. Pas de supplément bagage sur les compagnies aériennes low-cost. Pas de frais de kiné au retour pour guérir le lumbago chopé en trimbalant 25 kilos dans les escaliers de Châtelet-les-Halles. Pas de consommation d'anxiolytique grâce aux correspondances plus courtes, en douceur et sans stress.

Voyager léger c'est aussi dans la tête. Comme je l'ai dit plus haut, ça m'apporte un certain détachement des choses matérielles qui est allégeant en soi. Ensuite j'ai remarqué que lorsque je trimbalais des livres, des articles de boulot et des dossiers à lire, et que je n'avais le temps d'en lire qu'une infime fraction (entre 0% les jours normaux et 10% les bons jours), je culpabilisais à la simple vue du travail accumulé et non accompli. Là, au moins je ne vois rien, je ne me mets pas une pression folle et des objectifs irréalistes et illusoires, et je m'en porte bien mieux.

Et si l'excusite veut frapper ? 

Voici la boîte à excuses, avec mes réponses. Toutes les phrases de la maladie de l'excusite commencent par "Ah c'est bien joli pour toi ça, mais moi je ne peux pas parce que …"

"... je fais du sport tous les jours et j'ai besoin de ma tenue."
Bon c'est vrai, moi mon sport se fait sans équipement (j'en dirai plus prochainement, c'est super et à la portée de tout le monde), donc sans salle de sport, mais enfermée dans ma chambre d'hôtel. Autrement dit, je le fais avec juste un tee-shirt et des chaussettes, du coup besoin de rien en plus. Si vous tenez vraiment à sortir courir sur la plage ou à profiter de la salle de sport de l'hôtel, il va falloir faire des choix (supprimer le pyjama, voyager avec les chaussures de sport, ou enlever autre chose du sac), et apprendre à se passer de quelque chose, ou faire du sport autrement pendant quelques jours.

"... les chaussures multisport c'est bien mais pour la plage c'est chaud."
Chouette, une super occasion de repousser ma zone de tolérance à la chaleur, soit en crevant de chaud dans les chaussures, soit en me cramant les pieds sur le sable bouillant ! Bon, si la vraie inquiétude sous-jacente est que des baskets c'est moche avec une jupe, dans ce cas j'enlève un truc de mon sac pour faire de la place pour une petite paire de sandales.

"... ça fait pas classe du tout de laver ses sous-vêtements dans le lavabo de l'hôtel."
En effet. Par contre, moi je choisis de voyager léger, et je me fiche donc d'avoir l'air un peu bête. Au risque de me répéter, on se fait beaucoup de bien en repoussant sa zone de confort et en étant moins difficile, et moins sensible au regard d'autrui.

"... je dois absolument avoir l'air irréprochable, et je dois porter un tailleur propre tous les jours."
Dans ce cas il est très probable que votre niveau de standing soit associé à un hôtel de bonne tenue qui propose un service de lavage de linge quotidien, et qui permet de voyager avec seulement un tailleur sur soi et un dans le sac, tout en évitant la case lavabo+séchage+repassage.

"... je pars en autonomie, et je dois porter ma nourriture, mon eau, ma tente, etc."
Et bien si c'est le cas, vous avez forcément assez de muscles pour pouvoir porter plus et vous faites comme tous les bons randonneurs, vous voyagez avec un merveilleux sac de 50 litres plein à craquer, 15 kilos max sinon gare au dos !


Je vous laisse trouver d'autres excuses, et on pourra réfléchir ensemble à comment les affronter, parce que franchement c'est trop agréable de voyager léger pour y renoncer !


Aucun commentaire: