10 juin 2014

Etre heureux, c'est maintenant

Etre heureux c'est maintenant
Vous êtes-vous déjà dit que ça irait mieux quand tel ou tel problème serait résolu ? Pour vous rendre compte quelques mois plus tard qu'un autre problème était apparu, qui vous empêchait d'être bien, alors même que le premier problème était résolu ? Vous êtes vous souvent dit "maintenant ça ne va pas, mais plus tard ça ira, pour telle et telle raison" ?
Pendant longtemps c'était ma façon de procéder lorsque quelque chose n'allait pas : faire le dos rond, et attendre que ça aille mieux pour à nouveau être en forme et avoir le moral au beau fixe. Il m'a fallu un certain temps pour comprendre que le temps présent ne se rattrape jamais, et que c'est beaucoup plus agréable d'être heureux maintenant, sans attendre que tous les petits détails (ou les gros) soient parfaits.



Une vie sans problèmes n'existe pas

C'est une évidence bien sûr, mais on dirait parfois que c'est pourtant l'objectif de la plupart des êtres humains, l'absence de problème comme définition du bonheur. Evidemment, l'absence de problèmes n'est qu'éphémère, et c'est plutôt la présence de nombreux problèmes, de tailles variables, qui est la règle. Mais ce n'est pas pour cela que tout le monde est malheureux, bien au contraire. On a tous dans nos vies des exemples de personnes traversant des épreuves terribles et qui sont malgré tout heureux, qui rayonnent d'une espèce de force intérieure. Ce bonheur est accessible à tout le monde, il "suffit" parfois pour cela de changer de point de vue face à son existence et face à ses problèmes. J'empile ci-dessous quelques idées pour aller dans la bonne direction.

Carpe diem

Cueille le jour présent, ce petit morceau d'un poème d'Horace résume assez brillamment l'attitude de celle ou celui qui a décidé d'être heureu-x-se sans attendre. Sans trop se retourner sur le passé qui n'est plus, sans trop réfléchir à l'avenir qui n'est pas encore, en profitant de l'instant présent comme ce qu'il est : quelque chose qui ne sera bientôt plus. Comment faire pour cueillir le jour présent : simplement en étant soi-même présent, pleinement présent, pleinement conscient de ce que l'on vit. En se délectant des moments agréables, une rigolade avec des amis, le plaisir de faire du sport, de déguster un bon petit plat, etc. Mais aussi en étant pleinement conscient des moments désagréables, en les acceptant pour ce qu'ils sont, en appréciant l'expérience qu'ils nous apportent, le fait qu'ils font de nous une personne plus forte, plus expérimentée, plus sensible, ou déjà juste vivante et existante.

Accepter l'inconfort

Toutes nos journées comportent une part d'inconfort, et bien souvent une partie non négligeable de notre énergie est passé à chercher à éviter cet inconfort, parfois à un prix ridicule en comparaison. Par exemple il y a quelques années je prenais ma voiture pour faire un kilomètre pour rejoindre la gare, matin et soir. Autrement dit, pour éviter un quart d'heure de marche (ou sept minutes de vélo), je passais dix minutes à être stressée par la circulation, à chercher une place dans le parking, et je ne compte pas l'argent brûlé dans l'essence et dans le parking. Je ne compte pas non plus le temps passé à trouver des excuses (ça monte, il fait froid, parfois il pleut, il neige, je suis fatiguée en rentrant du boulot, etc.). Maintenant j'y vais à pieds ou à vélo, et j'ai tout gagné : ma voiture tourne moins, je ne paie plus le parking, ma santé est bien meilleure, je sors maintenant par tous les temps et je suis fière de moi quand il pleut et qu'il neige. J'ai repoussé ma zone d'inconfort et j'en suis très heureuse. De la même façon, accepter un petit peu d'inconfort chaque jour apporte plein de bienfaits : de la fierté d'être plus fort, de l'économie d'énergie (plus besoin de fuir l'inconfort), plus de résistance dans le futur, et surtout surtout un peu moins de mauvaise humeur, puisque l'inconfort devient un challenge et quelque chose de positif.

Etre reconnaissant

Evidemment, il y a des périodes plus difficiles que d'autres. Maladie, deuil, problème familial, les vraies grosses difficultés font partie de nos vies. Dans ces moments là il est plus difficile d'être heureux dans le présent sans être suspendu à l'idée d'un avenir meilleur. Ce qui peut aider à être heureux malgré tout, c'est d'ouvrir les yeux sur ce qui va bien, d'en être conscient pleinement et reconnaissant. Pour cela ça aide grandement de faire la liste de toutes les choses qui vont bien, et pour lesquelles on ressent du bonheur, de la joie, de la chance, de la fierté. Par exemple la famille, des enfants, un conjoint aimant, un boulot satisfaisant, un corps qui permet de marcher et courir, assez d'argent pour manger à sa faim, de l'eau fraiche à volonté, un animal domestique attachant. On peut être reconnaissant et heureux avec beaucoup de choses, des éléments fondamentaux comme la famille et des amis, ou des petites choses comme un beau paysage ou une blague rigolote. L'essentiel est de pouvoir faire une liste, de pouvoir méditer dessus cinq minutes, et de se laisser remplir par le bonheur d'avoir tout ça.

Equilibrer sa vie

Un autre élément qui aide grandement dans les moments difficiles, c'est d'équilibrer les différents aspects de son existence. Autrement dit, c'est bien d'avoir plusieurs identités : le moi de l'individu (celui qui essaie de progresser en lisant des blogs de développement personnel) le moi qui travaille (au sens large d'activité, pas forcément rémunérée), le moi conjoint / parent / enfant (ou tout autre rôle dans une famille), le moi amis, etc. L'avantage d'avoir de multiples identités, et un bon équilibre entre elles, c'est de pouvoir trouver du plaisir dans l'une quand l'autre traverse un moment difficile. Par exemple, si toute ma vie tourne autour de mon travail et qu'il m'arrive un ennui de ce côté là, je vais en être profondément perturbé. Par contre, si j'ai une super vie familiale, je vais traverser plus facilement les trous d'air professionnels, et réciproquement. Et si un jour je questionne un des aspects de mon existence, par exemple si je souhaite changer de boulot ou quitter des amis, ça peut m'aider d'avoir un peu de solidité dans les autres. Une façon originale de voir si notre vie est bien équilibrée est de se poser la question suivante, comme suggéré par Stephen Covey : imaginez que dans un an vous assistez à vos propres funérailles. Qui voulez-vous voir venir ce jour-là ? Uniquement des collègues ? Uniquement des amis ou de la famille ? Que voulez-vous que les gens disent de vous, en tant que collègue, amis, parent, conjoint, voisin, membre du club de jardinage ?

Etre proactif

Comme je l'ai dit dans un autre article, la proactivité est une attitude géniale pour trouver le bonheur dès maintenant. Essentiellement, il s'agit de distinguer les choses qui dépendent de nous et celles qui n'en dépendent pas. Pour celles qui ne dépendent pas de nous, nous ne pouvons par définition rien faire (à part stresser, s'angoisser, ou autre prise de tête non constructive), et la bonne attitude est effectivement de ne rien faire (donc exit l'angoisse le stress et autre prise de tête consommatrice d'énergie et de temps). Par contre, pour ce qui dépend de nous, là tout est possible, donc autant se donner à fond, faire notre maximum possible, et en être heureux.
Pour aider à sortir du mode "râlerie automatique" dans ce qui semble ne pas dépendre de nous, par exemple les choses pour lesquelles nous disons "je n'ai pas le choix", il est fondamental de réaliser qu'en réalité nous avons toujours le choix, même s'il s'agit du choix de la solution la moins pire. Par exemple, la phrase "mon chef est horrible mais je n'ai pas le choix je ne peux pas démissionner" peut être reformulée en "mon chef est horrible, mais je choisis de rester car au moins j'ai un salaire tous les mois et ça m'évite la difficulté d'avoir à partir et chercher un nouveau job". Ce simple changement de point de vue permet parfois de réaliser que nous sommes les pilotes de notre propre avion, et peut bouleverser notre perception, nous faisant passer de la victime à la personne en charge de son destin. Pensez aussi à l'attitude du colibri dans le conte du même nom : au lieu de se cacher derrière la fatalité du "c'est trop grand pour moi je ne peux rien faire" (le changement climatique par exemple), prendre l'attitude du colibri "je sais que je ne peux pas tout résoudre moi-même, mais je fais ma part" (je fais certaines de mes courses à vélo par exemple). Le colibri, au lieu d'être atteint par le pessimisme ambiant du "tout fout le camp rien ne va plus" a la fierté d'avoir accompli sa part et d'être un élément qui contribue au changement dans le bon sens, et ça ça rend heureux, maintenant.

Cultiver son optimisme

Selon moi les gens qui prennent les optimistes pour des naïfs un peu bêtes font une grosse erreur. Etre optimiste c'est au contraire avoir bien réfléchi aux choses, faire le choix de croire en l'avenir et en ses capacités à rebondir et à trouver des solutions. Bon bien sûr je ne parle pas ici de l'optimisme aveugle qui consiste à faire l'autruche et à ignorer ce qui ne va pas. Je parle de l'optimisme comme refus du pessimisme ambiant, comme volonté d'agir, comme capacité à voir les problèmes comme des opportunités, comme confiance en soi pour faire de belles choses. Cet optimisme est actif, il se construit avec tous les éléments vus plus hauts : la proactivité, la reconnaissance envers ce qui marche bien, l'équilibre entre ses différentes facettes, un niveau élevé de tolérance à l'inconfort, la recherche des petits plaisirs quotidiens. Il demande des efforts et de l'attention, mais ses récompenses sont multiples ! Avec lui de nombreuses choses deviennent possibles, peu de tunnels restent sans lumière au bout, et l'énergie pour agir arrive d'elle-même. En effet, que pensez-vous de votre état de forme si vous vous levez en disant "ma vie est pourrie, je ne peux rien faire" en comparaison de "ma vie est excitante, tout est possible" ? Ca semble tellement évident dit comme ça, mais en pratique combien de temps passons-nous chaque jour à râler ?... Comme ici j'aime bien les petits pas, voilà le petit pas que je suggère pour commencer : être conscient chaque jour des moments où l'on se plaint de quelque chose ou de quelqu'un, et petit à petit essayer de remplacer la plainte par quelque chose de positif ou de constructif. Je teste ceci depuis quelques mois déjà, et je peux vous dire deux choses. La première, c'est que c'est incroyable le nombre de fois où on râle sur quelque chose ou quelqu'un, depuis les horaires de train jusqu'au chauffard qui nous coupe la route, et c'est une vraie claque de voir à quel point ça prend du temps et de l'énergie chaque jour. Ensuite, c'est parfaitement exaltant de remplacer ça par du constructif, parce que c'est utile et en plus ça fait bien plus plaisir que de râler. 

La petite liste pour finir

Pour finir une liste de petits pas testables dès aujourd'hui pour être plus heureux, tout de suite :
  • faire chaque jour une (petite) chose qui nous est inconfortable ou (légèrement) douloureuse, et en être fier ;
  • être chaque jour reconnaissant d'un élément qui marche bien dans notre vie ;
  • changer chaque jour une plainte par une remarque constructive.
Bonne chance !


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je partage votre point de vue selon lequel le bonheur est une nourriture rare qui se consomme sur place et surtout pas à emporter. Il me semble également évident que le temps ne se rattrape pas. Pourtant, malgré mon accord tacite pour intégrer ces principes théoriques plutôt séduisants, j'ai toujours autant de mal à vivre dans le présent et ne pas me réveiller le matin avec le regard noir de ceux qui verrouillent comme premières cibles tous les défauts d'une vie qu'ils jugent misérable. Toujours autant de mal à positiver, à prendre les aspérités de la vie avec davantage de légèreté.

Un collègue de travail que j'admire pour son intelligence et son sens critique (donc souvent rebelle) m'a raconté cette anecdote : Il partait en vacances avec ses deux enfants et sa femme en voiture. En signe de confiance, il avait laissé le volant à sa fille nouvellement promue automobiliste et son fils, moins âgé, s'était auto désigné co-pilote. Mon collègue et sa femme avaient pris place à l'arrière. Or, il se trouve que la conductrice a beaucoup de mal à intégrer les panneaux de signalisation... Et à la première bifurcation, la fille prend la direction de Paris au lieu de Marseille avec l'approbation de son petit frère et néanmoins co-pilot. Le père, mon collègue, s'est contenté de faire du coude à sa femme en pouffant et en laissant se dérouler la situation de manière paisible jusqu'à ce que la conductrice commence à émettre un avis critique sur leur itinéraire.

Je trouve cette attitude géniale à bien des égards... Pourtant, dans un tel contexte, je crois que je n'aurais pu m'empêcher de déchaîner l'enfer auditif dans l'habitacle et noyer la bonne ambiance sous des déferlantes de mauvaise humeur...

Concernant les petites choses que l'on peut changer chaque jour, j'ai mis en place ceci : je souris longuement et sans doute un peu bêtement à mon fils chaque matin lorsqu'il arrive vers moi. Ce petit bonhomme est si souriant, si radieux, si heureux de vivre - oh ! une miette de pain ! putain, je suis trop heureux !! - que je me sentirais coupable de ne pas lui renvoyer un reflet positif.

Pour le reste, je deviens de plus en plus contestataire, rebelle et révolutionnaire avec l'âge qui s'abat sans concession sur mon corps d'homme moins insouciant. Le problème que je rencontre est le suivant :

Soit je me dis que je ne suis pas le plus malheureux et je rentre dans le rang. Même si ce n'est pas faux, on peut toujours trouver pire que soi et je suis convaincu que cette attitude contribue à tirer la société vers le bas.

Soit je persévère dans mes idées mais je supporte de moins en moins de ne pas être intègre et irréprochable dans ma démarche. Tu critiques les gens qui nous gouvernent ? investis toi en politique, propose ton alternative, montre de quoi tu es capable. Tu ne supportes plus la société ? va élever tes chèvres dans le Gers, renonce à ton confort et à la consommation. etc, etc.

Bref, j'ai tellement l'impression que notre monde marche sur la tête qu'il m’apparaît deux solutions pour sauver ma peau : vivre en marge dans un eden aux hautes barricades ou m'immerger corps et âme pour changer ce qui ne peut l'être... D'un côté comme de l'autre, ce genre de décision déjà compliquée pour soi l'est encore davantage quand elle implique une famille.... Et voici que je redeviens pessimiste

Maelle a dit…

Effectivement, regarder le monde autour de soi donne d'excellentes raisons d'être pessimiste...
Mais sinon, ne voyez vous que ces deux solutions extrêmes pour "sauver votre peau", et pas quelque chose d'intermédiaire raisonnable ? Je crois que j'aime l'attitude du colibri car il a de l'ambition à la hauteur de ses petits moyens (et de ses contraintes personnelles et familiales), et ne se met pas la pression pour sauver le monde tout seul. Qu'en pensez-vous ?

Anonyme a dit…

Oui c'est certain, d'autant que j'ai de sérieux doutes quant à mon appartenance à la famille très fermée des super héros... encore que certains se révèlent sur le tard, je vais donc tacher de me montrer optimiste pour une fois... Je suis sans doute trop idéaliste... trop manichéen... Vous évoquez le Colibri de cette légende ?

« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s'active, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d'un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n'es pas fou ? Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part » .

C'est sans doute l'attitude à avoir... heureusement (pour moi), je suis d'humeur changeante... Lors de mon dernier commentaire, j'avais l'impression que toute la misère du monde s'était écrasée sur mes tongues et sur l'échelle de Richter de la faillite morale et de la défonce psychologique, je devais me situer approximativement à 11... Depuis, j'ai refait mes stocks de sérotonine, d'adrénaline et d'endorphine et je me sens à nouveau à 100% de mes capacités de super héros... je suis assis sur un piano en chute libre dans la stratosphère... ça siffle, ça fume, ça prend feu mais je maîtrise la situation car la gravité n'attend pas... C'est comme si j'émergeais d'une longue période végétarienne pendant laquelle je n'avais mangé que des graines de lierre et des steaks de feuilles de platane séchées sur feuille de gélatine de tofu et que je me faisais happer par le chant crépitant et adipeux d'un méchoui...

Bref... profitons en avant la prochaine inversion de phase...

Ps : si vous aimez les super héros, je vous encourage vivement à découvrir : https://www.youtube.com/watch?v=OOWAUAWy7rs&list=TL6O6JPsGNot5EweFbQ2iTrt9LfFki-bpq

et (de la même équipe) : https://www.youtube.com/watch?v=A-b2YNErwxw&list=TLP-OcIzs0rTlxtOUho0RXCl3lLtJ15ura