22 février 2014

Comment devenir proactif ?

Comment devenir proactif ?
J'ai découvert récemment cette notion de proactivité, au travers de la lecture de Stephen R. Covey. C'est pour moi une étape indispensable de développement personnel, et tout à fait lié au changement d'habitude et à l'amélioration de soi. Je vais commencer par tenter d'expliquer ce qu'est la proactivité, donner quelques exemples, et enfin finir par des pistes pour devenir proactif.

Une tentative de définition


Alors d'abord, de quoi s'agit-il ? D'après wikipédia, "le terme proactif [...] décrit une personne qui prend en main la responsabilité de sa vie, plutôt que de rechercher des causes dans les circonstances ou les personnes extérieures." A l'opposé, on appellera "réactive" la personne qui cherche et accuse les autres et le monde extérieur.

Prenons un premier exemple, je vais au mariage d'un ami réactif, et le temps est exécrable. L'ami réactif n'aura de cesse de critiquer la météo, les saisons qui ne sont plus ce qu'elles étaient et le changement climatique, disant que le plus beau jour de sa vie est gâché par les éléments extérieurs, que c'est vraiment dommage, qu'ils avaient tout prévu dehors, et que le lieu est vraiment superbe quand il fait beau, et décevant sous la pluie, etc. Tout dans son attitude montre qu'il prend la météo comme une attaque personnelle, comme un problème qui le concerne.
A l'opposé, une personne proactive n'aura pas du tout la même attitude. D'abord cette personne là aura envisagé le mauvais temps et aura prévu des solutions de repli tout à fait satisfaisantes. Mais surtout, la personne proactive saura se dire les choses suivantes : je ne maîtrise pas la météo, je n'ai pas à me faire de souci pour quelque chose qui est hors de ma portée ; l'essentiel est que je réunisse pour mon mariage des gens que j'aime et que nous passions un bon moment ensemble, quelle que soit la météo.



Un deuxième exemple


Prenons maintenant un deuxième exemple : disons que j'ai un travail peu satisfaisant. Si je suis réactif, je vais m'enfermer dans une routine de râleries et de critiques permanents : mon chef est un incapable, mes qualités sont sous-évaluées, je suis incompris, on ne m'écoute jamais, le boulot n'est pas intéressant, tel collègue est mieux vu que moi et on lui donne de meilleures choses à faire, mon salaire est minable, etc. Je peux rester ainsi de nombreuses années, à perdre beaucoup d'énergie en sentiments négatifs, à ressasser éternellement les mêmes rengaines, pour devenir de plus en plus aigri.
Si au contraire je suis proactif, je vais assumer ma responsabilité et l'utiliser pour sortir de l'attitude réactive. Je vais ainsi prendre toutes les mesures qui sont à ma portée pour résoudre le problème. Je pourrais par exemple aller rencontrer mon chef et aménager mon poste, proposer de prendre d'autres rôles ou responsabilités. Je pourrais collaborer plus activement avec mes collègues, et en faire des alliés plutôt que des adversaires. Si l'environnement de travail est vraiment catastrophique, il reste deux choses faisables pour l'individu proactif. La première, c'est changer de travail. Ce n'est pas un changement facile évidemment, cela demande beaucoup de courage pour affronter l'incertitude et la remise en question nécessaire au changement. Mais cela a le mérite de résoudre le problème : si mon travail est inacceptable, alors je n'ai pas à l'accepter et je peux faire le choix de changer, si je m'en donne les moyens. La deuxième chose, c'est que je peux aussi décider de ne pas changer, mais dans ce cas je sais pourquoi je reste et pourquoi j'accepte les conditions de travail. Ce sera par exemple : ce travail est nul, mais il paie bien, et mieux que tout ce que je pourrais espérer ailleurs, je choisis donc de rester pour l'argent. Ou alors : ce travail est nul, mais il est proche de chez moi et/ou il offre des services annexes excellents (mutuelle, avantages en nature) et/ou les horaires me conviennent parfaitement. Dans tous les cas, j'ai trouvé une raison positive qui fait que je continue à ma place et que j'accepte les conditions de travail. J'assume donc les aspects négatifs parce que je sais qu'ils sont contrebalancés par un aspect positif plus important, et j'arrête de râler.


On peut maintenant reformuler un peu les deux attitudes réactive/proactive. Etre réactif c'est être dans la réaction, être sur la défensive, par rapport à des choses que l'on ne maîtrise pas et sur lesquels on n'a aucun contrôle. Etre proactif c'est prendre le contrôle de sa vie, changer les choses que l'on peut changer, ne pas se faire de souci pour les choses que l'on ne contrôle pas, et changer de point de vue sur sa vie.

Comment passer de réactif à proactif


Bon maintenant qu'on a les idées plus claires sur les définitions, je peux en venir au coeur de ce qui m'intéresse dans ce blog : comment quitter l'attitude réactive pour devenir un individu proactif et d'autant plus heureux. Comme j'aime bien les listes je vous en propose une, avec les différentes étapes de travail.

  • Faire la distinction entre ce que je contrôle et le reste. La première chose pour sortir de la réactivité, c'est de comprendre qu'il existe deux types de choses qui peuvent poser souci : des choses sur lesquels je peux agir et d'autres sur lesquels je ne peux pas. Par exemple, je ne contrôle pas la météo, ni l'action des politiciens, ni les catastrophes climatiques, ni les faits divers à la télé, je ne peux rien y faire, et il ne sert donc à rien de s'inquiéter, de se lamenter ! 
  • Si je ne peux rien y faire, je ne m'en soucie pas. Une fois que l'on sait distinguer ces deux types de choses, l'étape suivante est donc d'arrêter de critiquer/râler/s'inquiéter sur tous ces sujets sur lesquels on ne peut rien. Parfois, il faut donc en arriver à une attitude un peu extrême d'ignorer volontairement ces choses-là. Par exemple, moi je ne m'intéresse plus aux actualités (pas de télé, pas de radio, pas de journaux, et pas de nouvelles sur internet), je gagne ainsi une heure par jour et je ne me soucie plus de rien. Mes collègues à la cantine me racontent de toute façon l'essentiel, mais je refuse de m'inquiéter pour des choses que je ne contrôle pas.
  • Si je peux faire quelque chose, j'agis. En parallèle, je vais agir sur les choses que je peux contrôler. Par exemple je ne critique pas la météo, mais j'emporte mon parapluie. Au lieu de me morfondre sur l'état de la planète, la dégradation de l'environnement et l'attitude faible des politiciens à ce sujet, j'agis à mon échelle, en mangeant bio, en achetant local et/ou équitable, en faisant mes courses à pieds ou à vélo. Au lieu de critiquer les fonctionnaires qui ont un boulot de rêve je peux décider d'en devenir un moi-même, ou je peux savourer les avantages du privé. Au lieu d'être jaloux de mon voisin qui part en vacances dans un pays paradisiaque, je peux faire le choix moi aussi de supprimer quelques dépenses pour épargner et en faire autant, ou assumer mes choix de ne pas partir en vacances mais faire autre chose à la place. On voit au passage ici que la proactivité ce n'est pas forcément toujours l'action, mais parfois un simple changement d'attitude face aux choses et aux autres.
  • Combattre l'excusite. Devenir proactif suppose aussi de combattre "l'excusite", autrement dit "la maladie des excuses". Cette maladie est le frein principal à la proactivité, vous allez tout de suite voir pourquoi. Imaginons que je suis réactif, et que je vois mon amie qui est très en forme et qui fait beaucoup de sport. Quand je discute avec elle, j'exprime de la jalousie, j'aimerais être pareil. Mon amie me dit qu'évidemment il ne tient qu'à moi d'être autant en forme qu'elle. Si je suis atteint d'excusite, je vais dire : "oui mais pour moi ce n'est pas pareil, je ne peux pas à cause de ma santé, de mon âge, je n'ai pas le temps, les enfants me pompent toute mon énergie, je me déplace beaucoup à cause du travail, etc." Chacune de ces excuses est un leurre. A de très rares exceptions (un paraplégique ne deviendra pas coureur par exemple) on peut toujours faire le choix de changer. Il faut se donner les moyens de combattre chacune des excuses, et faire preuve d'inventivité. Evidemment, il sera sans doute plus difficile pour moi de faire du sport, mais je peux trouver des solutions originales. 
  • Assumer et reconnaître ses choix. Et si je ne peux vraiment pas combattre les excuses, je me dois de comprendre que ces excuses sont l'expression d'un choix. Par exemple, disons que je ne peux pas aller à la chorale le soir car je dois m'occuper de ma mère qui est âgée. Si je suis réactive, je vais dire "je ne peux pas, car je dois faire ça, je n'ai pas le choix". Si je suis proactive je vais dire "j'ai choisi de mettre dans ma vie en ce moment la priorité à ma mère âgée, j'assume ce choix, il me rend heureux, et du coup je mets un peu ma vie sociale en sourdine". Ou encore, disons que je ne peux pas changer de travail car j'ai peur de ne pas en retrouver derrière. Si je suis réactive, je vais dire "je ne peux pas changer, c'est trop dur à mon âge de retrouver du boulot, que se passera-t-il pour mes enfants si je n'en retrouve pas, je ne peux pas prendre ce risque, je n'ai pas le choix, etc.". Si je suis proactive, je vais dire "je choisis de rester dans ce travail car il a le mérite de payer les factures et de me permettre de faire vivre mes enfants, ce n'est pas l'idéal, mais c'est pour moi la certitude d'un salaire, et cette certitude est plus importante que le déplaisir du travail, je choisis donc de rester et d'assumer les conditions difficiles".
  • S'entraîner. Comme toutes les nouvelles habitudes à prendre, comme une nouvelle compétence que l'on cherche à acquérir, cela demande du travail, ce n'est pas facile. On n'apprend pas le football, le violoncelle ou les maths en lisant un simple article de blog, c'est pareil pour la proactivité. Il faut s'entrainer à devenir moins réactif, s'exercer à classifier ses attitudes en réactives/proactives, essayer de changer d'attitude, progresser. Et ce n'est pas facile, on subit beaucoup d'échecs au début, mais comme pour tout il faut garder espoir, ne pas se décourager, et persévérer. La prise de conscience et l'entrainement finissent par porter leurs fruits et on devient meilleur, moins aigri, plus heureux.
Je me suis surtout concentrée dans cet article sur la proactivité vis à vis des éléments extérieurs (circonstances, évènements, environnement), et pas sur celle que l'on peut adopter avec autrui, mais c'est évidemment transposable. Quand j'ai un souci avec quelqu'un, il y a deux attitudes : la première consiste à critiquer, à reprocher, à demander à l'autre de changer. La deuxième consiste à accepter que l'on ne peut pas changer autrui, mais qu'on peut se changer soi-même, et à mettre ceci en pratique. Par exemple, au lieu de dire que mon ami ne m'appelle jamais et que je n'ai pas de nouvelles, je peux accepter que mon ami fonctionne ainsi, et je peux l'appeler quand moi je veux des nouvelles. C'est toujours la même idée : j'accepte qu'il y a des attitudes je ne peux pas changer, et j'agis sur ce qui est à ma portée. 

Cette prise en main de sa vie apporte à mon avis doublement plus de bonheur. D'abord, mon changement d'attitude me fait quitter l'aigreur, la rancoeur et les sentiments négatifs et je vis plus heureux. Ensuite, je prends conscience qu'il y a beaucoup de choses que je peux changer, et j'améliore ma vie en faisant ces changements.

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